(en musique)
Tout semble suspendu
Comme le temps s'est arrêté sur l'horloge crasseuse frémit son empreinte déshumaine aux minutes écaillées.
Les éoliennes agitent la plaine poussant vainement du doigt la grande aiguille. Au travers des vitres marquées, elles qui ont laissé dans leur transparence mille histoires s'y inscrire, le regard s'égare, plein de l'intérieur, vers le flou du voyage. Le chemin de fer fait glisser sur sa route le train déraillé des idéaux, des émigrants, des isolés. Il y a de ce cil ce petit sentiment qui veut se décrocher, parler parfois ne dit rien, et les murs n'entendent pas. Le ciel a des nuages à dévaler, et les mirages se multiplient dans le prisme des larmes.
Les listes s'opèrent (abdiquer les escaliers rouges, la cervelle de dix heures. Porter les bas en haut-le-cœur, franchir le passage du désir. Se tenir sur le fil).
En bordure de la lèvre palpitent les amertumes, la gueule entre deux gares boîte en direction de l'avant, de la première fois. Les langues se délient, déclarent sur le quai, les bras se tendent, rencontrent le vide mordant, et les portes se resserrent sur l'attente. Le soleil a mis une nuit à se lever ce matin, le départ l'a tu. La rumeur de la cendre se dissipe dans le défilé trouble des troncs dénudés. Alors apparaissent les horizons, archivant les ombres.
La douleur arrêt momentané.
Comme le temps s'est arrêté sur l'horloge crasseuse frémit son empreinte déshumaine aux minutes écaillées.
Les éoliennes agitent la plaine poussant vainement du doigt la grande aiguille. Au travers des vitres marquées, elles qui ont laissé dans leur transparence mille histoires s'y inscrire, le regard s'égare, plein de l'intérieur, vers le flou du voyage. Le chemin de fer fait glisser sur sa route le train déraillé des idéaux, des émigrants, des isolés. Il y a de ce cil ce petit sentiment qui veut se décrocher, parler parfois ne dit rien, et les murs n'entendent pas. Le ciel a des nuages à dévaler, et les mirages se multiplient dans le prisme des larmes.
Les listes s'opèrent (abdiquer les escaliers rouges, la cervelle de dix heures. Porter les bas en haut-le-cœur, franchir le passage du désir. Se tenir sur le fil).
En bordure de la lèvre palpitent les amertumes, la gueule entre deux gares boîte en direction de l'avant, de la première fois. Les langues se délient, déclarent sur le quai, les bras se tendent, rencontrent le vide mordant, et les portes se resserrent sur l'attente. Le soleil a mis une nuit à se lever ce matin, le départ l'a tu. La rumeur de la cendre se dissipe dans le défilé trouble des troncs dénudés. Alors apparaissent les horizons, archivant les ombres.
La douleur arrêt momentané.
29 commentaires:
Les quais tristes où se précipitent les émotions ... départ, petite mort, bien dit Moizel. Le texte fuse fluide comme l'image
Vincent a mis :
Il faut savoir quitter un monde dont on aime plus que le souvenir et, même si la route est dure et longue, un nouvel horizon est au bout du voyage. Je t'embrasse.
tu progresses à grands pas sur le train de la poésie , je t'encourage vivement dans cette voi(x)e, ce chemin , tu deviendras peut-être un fer (de lance ) dans ce domaine
Ta mooon
Ô temps, suspends ton vol :0) J'ai pris exactement le même genre de photo lors de mes derniers voyages en train. J'ai même deux ou trois petits films dont je compte faire un montage prochainement. Vous allez bien ?
"La rumeur de la cendre se dissipe dans le défilé trouble des troncs dénudés. Alors apparaissent les horizons, archivant les ombres." Voilà ce que je préfère dans ce texte vibrant de cette douleur qui se contient.
Pareil qu'Enfantissages...
Exactement pareil.
J'ai toujours aimé les vitres des trains.
Le gout du samovart servi sur le quai est-il différent de celui servi dans les wagons ?
Ayé, j'ai tout lu!
Ben voila, c'est pas compliqué, tu me connais pas (que tu dis), alors moi je suis viendu pour connaitre celle qui semble me lire.
Et j'aime beaucoup ce que vous faites. Voila, c'est dit.
A tantôt, ici ou ailleurs...
@ Kouki: Merci m'dame. C'est que les trains ça me connaît...
@ Vincent: Tu parles à une grande voyageuse... Et ces photos accrochées aux murs que je regarde avec tendresse, sans nostalgie. Je t'embrasse très cher.
@ Mooon: je n'en reviens pas que tu ais mis un commentaire! tu m'impressionnes!!! hihi. Merci ma moon, tu sais que j'ai de la chance, hein?! que vous m'ayez laissée dérailler ça aide à la liberté! ta ploote (c'est la honte)
@ Frédérique M: Oh je serais curieuse de voir vos montages! J'aime beaucoup l'atmosphère qui se dégage de la photo de nat*dia, ça résonne. Vous voyagez beaucoup? (oui je vais très bien!)
@ Enfantissages: ça me fait bien plaisir, parce que c'est aussi ce que je préfère (avec la cervelle de dix heures)... je suis enfin rentrée chez moi. :)
@ l u c: idem alors,exactement.
Et pour les vitres des trains moi aussi. Spleen? c'est la fin de l'hiver. Bientôt green. :)
@ Prax: un peu salé, fumé pareil. Aussi mouillé... ;)
@ Jack Larsen: TOUT!?! c'est vrai que je te connais pas, et oui je te lis. Et puis merci beaucoup d'avoir fait le déplacement, d'avoir aimé voyager par ici... Et je suis très touchée, que tu aimes. Ici et ailleurs... belle journée!
Je voyage un peu, souvent pour mes livres. Mais si vous avez lu le billet intitulé "Ah, les voyages !" vous savez tout ce qu'il y a à savoir sur les voyages et moi :0)
Très belle photo, super musique et magnifique texte je dirai même que tu touches le sommet ma belle:)
j'aime beaucoup ce passage:"La rumeur de la cendre se dissipe dans le défilé trouble des troncs dénudés. Alors apparaissent les horizons, archivant les ombres."
Très beau texte, empreint de gravité. J'espère, hormis la belle écriture, que vous allez bien, c'est important quand même, parce que je sens beaucoup de mélancolie dans ce voyage en train et cette musique par-dessus tout, magnifique !
"La douleur arrêt momentané"
Momentané ! ouf !
Quelle est la prochaine gare ?
D'ici la prochaine gare, la douleur aura été bercée par la musique hallucinogène des roues en fer et sera endormie, le fil de bave aux lèvres, avec sa gueule d'ange. Une douleur endormie c'est attendrissant. Et le soleil pourra danser à travers les rideaux.
Ah, le train, c'est le seul moyen de transport qui nous replonge en enfance, je ne sais pas pourquoi, et c'est aussi le seul qui nous met entre parenthèses.
@ Frédérique M: Pas encore, je ne sais pas pourquoi, je ne l'ai pas vu... Mais je vais (et je saurai... :) )
@ S.: Merci, S. Un plaisir! Je ne sais pas si c'est le sommet... J'espère qu'il est inatteignable celui-là. Je veux toujours grandir. Merci pour nat*dia, aussi. Jude se pose ici le temps d'un bisou de lait.
@ Brigitte: oh oui je vais bien... j'écris, je chante, j'aime tout cela... Ce train je le prends si souvent, et Amina Alaoui qui susurrait dans les écouteurs, et l'envie de poser des mots a poussé. La chanteuse a cédé la place au cinematic orchestra, comme une évidence (je venais de recevoir cette musique). Merci beaucoup, beaucoup Brigitte!
@ madame de K: La prochaine gare est toujours celle qui nous délivre. Malgré les interdictions de traverser les voies, on en sort de ce train avec l'envie de tous les sens. C'est très beau c'que tu dis ma dame (tu baves, toi? moi noooon pas du tout! avec le rouge à lèvres? pas classe. ;P)
@ mon chien aussi: entre parenthèses... C'est ce déplacement passif du corps alors même que la pensée s'évade au gré des paysages et de leurs humeurs, et ces vitres qui nous cloisonnent dans des bulles, en suspens. Entre parenthèses parce que dans cette espace, on peut s'oublier, être oisif sans culpabilité, ralentir le temps... C'est cela?
(pour l'enfance, j'y suis quand même encore sacrément...!)
Ben ouais, vous avez tout compris... J'adore le train pour cette raison, et je déteste l'avion pour la raison inverse.
@ mon chien aussi: C'est que dans l'avion, non seulement le temps se précipite, mais le ciel dans son immensité ne délivre rien aux regards qui raconte le voyage... Alors l'illusion du monde qui se déplace autour de nous qui restons en lévitation ne peut plus être. :)
Mam'zelle d'enfer, vous êtes trop intelligente pour un pauv' gars comme moi. J' vais relire à tête reposée. Vous voulez dire kekkchose comme : que dans un avion nous sommes dans un lieu sans points de repères géographiques, et que sans ces repères, on est paumés? Et ça s'ajoute aux troubl's des fuseaux horaires... Le temps se précipite si on va de l'est vers l'ouest mais c'est nous qu'on se précipite si on tourne dans l'autre sens, non ?... J' crois m' rappeler un truc comme ça.
Et dans l'Espace, çui qui sidère, vous croyez qu' c'est pareil ? Ou pire ? Ou mieux ?
Oh non de dieu, qu' j'écris tout d' traviole.
Vous r'dresserez l' machin. J' vous fais confiance.
En tout cas, joli billet, mam'zelle.
tes chaussures vertes sont pas mal aussi. ;-)
Mamoiselle, j'arrive en retard mais le train m'a attendu. Votre douleur est si belle qu'on l'aime, on la saisit, on la prend dans ses bras même si l'on n'a pas le droit, on a envie de la ramasser...
(Et pour reprendre la conversation, sans même parler d'avion, je n'aime même pas le TGV qui n'est plus un espace humain.) Bravo, Mamoiselle.
@ Melle d'enfer
Merci pour le filon, je vais suspendre mon écriture pour expérimenter cette nouvelle technique.
Je repasse vous lire, ce texte n'est pas du genre que l'on ingurgite entre le passage de deux trains ...
Dites, comment on fait pour déborder ?
Comme celà fait longtemps, mademoiselle, je m'excuse. Je n'ai plus trop la tête aux écrits, mais bien la tête dans les écrits, je lis, je lis beaucoup plus qu'avant et je me sens bien.
Douleur : n.f. Sensation physique ou morale pénible.
De la douleur à boire, dans une coupelle de cristal. Mademoiselle, avez vous mal?
Voilà longtemps, Douleur fut ma meilleure amie, ma confidente, mais ce n'est pas bien. Sourire.
Je me noie toujours aussi tendrement dans tes mots.
@ mon chien aussi: bah nan pas trop intelligente, mais complexe ça, pour sûr! Je voulais dire que dans l'avion aucun repère ne définit le mouvement (en train vous voyez les paysages évoluer, se modifier), le temps y est précipité car 1000km se franchissent en une révolution de la grande aiguille.
Ah dans l'espace! Faudrait aller voir (vous croyez qu'on pourrait louer un mini-bus, pour embarquer nos amis?)... Je crois que c'est juste différent, et je ne suis pas objective, les étoiles, l'astrophysique me fascinent.
Je laisse tout en l'état, j'aime bien quand ça sort du rang. :)
Merci bien monsieur mon chien aussi (ça me fait un petit couic en haut à gauche)
@ choule[bnkr]: oui mais les tiennes, rhaaa, les tiennes! Elles n'ont pas été éditées à des milliers d'exemplaires! (elles n'existent même que sur papier) (je les aime) (oui. tout à fait)
@ Depluloin: Ce train là reste à quai pour quelques temps. Ce que vous me dîtes là c'est que la destination est atteinte, puisque je vous ai emmené avec moi. Merci m'sieur. (moi il faut que je l'aime le TGV... sinon je passerais ma vie amère)
@ Saravati: Je vous en prie, amusez-vous bien! héhé ;)
Les règles sont faites pour être brisées... Voici comment déborder...
@ Féelonia: Ne t'excuse pas, je serais bien mal placée pour avoir la moindre exigence de constance... :)
Non, je n'ai pas mal. Mais j'aime écrire sur les sentiments qui tiraillent, douleur, amour, désir. Le bonheur, c'est une volonté, on peut toujours regarder l'absence dans le blanc des yeux, ou vivre chaque instant sans regarder en arrière. Oui, vivre! Merci moiselle de cette tendresse :)
Et l'odeur de la rouille quand s'ouvrent les fenêtres et ce crissement insoutenable des voitures qu'on détache en plein coeur de la Suisse, au milieu de la nuit ...
Tant de rêves, de retours en arrière, le train, oui, un monde suspendu juste au-dessus des rails, juste en-dessous des nuages.
J'ai connu très tard les trains mais ils m'ont raconté l'histoire des gens que j'aimais ... à petites doses et à renfort d'émotions, adieux renouvelés et bonjours provisoires ...
C'est un très beau texte, je lave la vitre pour y voir plus clair dedans et dehors !
Je passe juste pour vous dire "bonjour"...
Moi aussi, je passe pour vous dire bonjour et écouter cette musique qui relaxerait les morts !
@ Saravati: Le train a ses empreintes à dérouler sur sa voie, grandes histoires, douleurs, retrouvailles. Je n'ai pas connu l'orient-expresse, d'autres l'ont fait pour moi ce voyage et pourtant il est inscrit. Vous avez connu tardivement les trains, et pourtant vous en êtes pleine de ces trajets attachés en wagons ou casseroles aux souvenirs des autres...
Merci beaucoup!
@ mon chien aussi: "bonsoir" en chantant :)
@ Saravati: ah oui, cette musique, mélodie lancinante, inclinante comme les balancements des trains :) (bonjour, aussi)
Très beau texte!!! on a envie de le réciter au rythme du train, je vais le noter dans un coin..
nathalie
Merci Nathalie! On se dit qu'ils seront oubliés ces quelques mots qu'on laisse glisser sous la pile des nouveaux arrivages, mais finalement... :)
Ecrivez sans déborder