4 avril 2010

मानसून

(en musique)



Je me souviens.

Elle enflammait les jardins, les gouttes éclataient en fou-rires sur sa vérité nue. Elle coulait sur moi, je fendais son abandon comme je suçais la pulpe de ses doigts, et le miel. Ses cheveux sentaient l’orage, sa bouche sang prononçait des serments dans une langue secrète, je voulais qu’elle m’enroule dans son déluge d’impatience vorace et m’envisage dans le temps. Elle sinuait entre les petites salines des recoins de peau, et le plaisir, s’en faisait un manteau. Elle m’inspirait / je soupirais. Je la rêvais dans ses éclats de joie, au-delà de mon solipsisme ; je parcourais de ma langue la cartographie de ses constellations. Elle apprivoisait mes contours entourait ma nuit de ses bras dentelait de bonheur l’aridité de ma nébuleuse. Corde sensible. Inondée de désir en suspens, l’obscurité s’esquivait, et au matin, le sommeil encore emmêlé à sa chevelure, elle me noyait.

Je me souviens.



Recordo.

Ella encenia els jardins, les gotes esclataven en rialles damunt la seva veritat nua. Em lliscava pel damunt, jo partia el seu abandonament com si xuclés el tou dels seus dits, i la mel. Els seus cabells tenien la flaire de la tempesta, la seva boca sanguina pronunciava juraments en una llengua secreta,jo volia que ella m’emboliqués en el seu diluvi d’impaciència voraç i em colloqués en el temps. Ella serpentejava entre les petites salines dels plecs de pell, i el plaer, se’n feia un abric. Ella m’inspirava / jo sospirava. Jo la somniava en els seus esclats d’alegria, més enllà del meu solipsisme; recorria amb la meva llengua la cartografia de les seves constellacions. Ella domava els meus contorns embolcallava la meva nit amb els seus braços dentava de felicitat l’aridesa de la meva nebulosa. Corda sensible. Inundada de desig en suspens, l’obscuritat s’arraconava, i al matí, amb el son encara trenat a la seva cabellera, m’ofegava.

Recordo.

La femme de papier de Conrad Roset
La langue déliée par Òscar



22 commentaires:

Anonyme a dit…

Avec tes mots de pluies érotiques, à fendre son abandon et me laisser noyer, au matin, dans sa chevelure emmêlée encore au sommeil ... pour ces choses là, quelques heures oui, je voudrais bien être un homme.
C'est beau.

D'Or Et De Laine a dit…

Je me noie délicieusement.

Je me permet de te piquer cette pluie de montagne. Du moins, puis-je?

D'Or Et De Laine a dit…

" Ses cheveux sentaient l'orage" ... Avec ce fond de pluie, j'en ai des frissons.

L..............................uC a dit…

Encore tout un programme humide et chaud,
6h. du matin et 32° température ambiante
comme disait l'autre...
"Mais non suis-je bête ! je suis à Marilou "

Frédérique M a dit…

Bon et bien ça y est, vous l'avez mis votre bruit d'eau :0)Vous n'avez pas eu trop de mal à choisir ?

Enfantissages a dit…

Décidément la pluie chez Kouki, ici :) mais viendez en Bretagne, il fait beau ici!

Les cheveux qui sentent l'orage mmmmm!

Nikø a dit…

Un texte en odorama et plein de sensations.
C'est beau, merci
(Je manque de souvenir de cette intensité ...)

blousse a dit…

Pour une fois, je n'ai pas peur de souiller vos belles pages avec mes grosses bottes.

madame de K a dit…

elle donne chaud cette pluie !

madame de K a dit…

Kouki >> pourquoi "être un homme" ? ;-)

olga a dit…

joli tissage de mo(e)ts littéraires. Ferais-tu de la cuisine de bruits accommodés de quelques grains de mots salés, sucrés?
Première lecture,j'avais mis la pluie trop forte, elle m'empêchait d'entendre le bruit de ce corps, la tentation qu'il inspire. Deuxième, troisième...-ème lecture ...j'adore. J'aime cela dans les textes ne pas aimé de suite, ou moins que les textes d'avant et finalement me rendre compte de ma supercherie.
Cette pluie me rappelle "L'amant" , scène où ils font l'amour dans cette garçonnière et dehors on entend le bruit de la ville et de la pluie.
Merci Mademoiselle d'enfer(t)
en effet Kouki pourquoi "être un homme"? ^^

Mademoiselle d'enfer(t) a dit…

@ Kouki: oOOooOoh! Tu as ressenti très fort on dirait... mais je te la pose cette question que d'autres ont avancé plus bas: pourquoi "être un homme"? ;) (cela dit que ça te donne cette envie là c'est très touchant)

@ Féelonia: ce sont des noyades dont on ressort plus vivant...

@ l u c : oui, et on y va comment à Marilou? En zinc rose? Bien sûr qu'il fait chaud, on est en enfer(t)! ;)

@ Frédérique M: ça fait longtemps que ce texte attend dans son tiroir, et j'avais trouvé le bruit d'eau immédiatement, sauf que... entre temps l'album a été retiré. Grrrr. Et en trouver un nouveau, ça, ça a été difficile! Mais tout est bien qui finit bien, non? :)

@ Enfantissages: ah mais! j'y suis bien sous ma pluie tropicale moi! ;)
Les cheveux qui sentent l'orage, c'est beau hein? C'est d'un homme qui m'a aimée (je crois).

@ Nikø: Merci à toi, tu sais que ton avis commence sacrément à compter? :)
(Des souvenirs comme ça ça déborde en enfer(t)...)

@ blousse: on est en enfer(t) ici, tu viens comme t'es! :)

@ Madame de K: bah tu sais bien qu'en enfer(t) tout devient chaud: la pluie, la cuisine, le réveil, le violoncelle... C'est infernal! :P
Dis-donc madame tu essaies de dévoyer Koukinette? héhé. C'est parfait.

@ Emilie: Merci (mille fois), apprivoiser c'est plaisant... :)
Tu es de mèche avec madame de K? ;)

the ugly duckling a dit…

Sympa ce blog ! Jolie découverte ;)

Anonyme a dit…

je vais m'acheter un dictionnaire mais après le mariage, je préfére ne rien comprendre.

Saravati a dit…

Cette pluie d'orage, avant-goût de l'été, me mouille le visage et m'empêche de lire votre texte.
Je reviendrai après l'accalmie.
Etre mouillé en choeur est-ce préférable ?

Depluloin a dit…

Ah non... non, non... cette fois peux rien dire... des fourmis dans la tête...

(Cela dit, les orages me font perdre tous mes moyens. En général je suis sous le lit avec le chien...)

Mademoiselle d'enfer(t) a dit…

@ Virgy: Merci! Ça fait bien plaisir, bienvenue en enfer(t)! On se recroisera, ici ou dans ton univers :)

@ Anonyme: Après le mariage, vous aurez du même coup un cerveau en votre possession, donc plus besoin de dico! N'oubliez pas votre stylo cependant, on aime écrire par ici...

@ Saravati: en chœur je ne sais pas... Et je ne sais pas si cela se calmera jamais, mais oui, repassez :)

@ Depluloin: Peu de mots ça dit beaucoup parfois, non? (désolée pour l'orage, mais ne vous inquiétez pas ça va passer au prochain billet)

Saravati a dit…

J'ai attendu, elle n'est jamais venue (l'accalmie)
Me voilà toute ébouriffée par ces mots qui palpitent.
Mais celui qui écrit a vachement confiance pour accepter d'être "enroulé dans un déluge d’impatience vorace", ça donne des frissons, on ne sait mais en quoi la belle peut se transformer ...

Paradise a dit…

Déjà que l'orage et la pluie me caressent...Je les reçois comme des dons, des beautés que l'on ne mérite pas. Et toi, l'air de rien...tu conjugues deux cadeaux du ciel (vraiment, aucune intention de jeu(x) de mots au départ).
Je lis souvent tes mots à des moments inadéquats,sur mon lieu de travail par exemple, et j'exulte en silence.
Je ressens une telle tension dans ta description de l'amour, je l'adule, si proche d'une idée de mort imminente, comme juste avant que la lame ne traverse le sein, ton idée de l'amour n'en est que plus puissante. Je t'envie et t'admire de vivre des choses si fortes.

Mesqualine a dit…

Une petite visite sur ton blog s'imposait... Tes écrits, tes images me manquaient. Nul autre blog n'est comme le tien. Ça fait du bien :-)

choule[bnkr] a dit…

j'applaudis pour Conrad Roset. Un des rares illustrateurs que j'ai en favori sur mon ordi. Ca fait plaisir de le voir chez toi.
Aussi :
http://conradroset.blogspot.com

Mademoiselle d'enfer(t) a dit…

@ Saravati: je le pressentais... on est infernale ou on ne l'est pas. Le calme aura bien le temps de s'installer une fois la vie éteinte. "Celui" qui a écrit irait très loin dans l'oubli de soi... Junkie du plaisir.

@ Paradise: Alors là tu me chamboules mon cher... Que ces lectures puissent te donner à éprouver si intensément, et que tu me le dises, là, maintenant, putain, ça fait des papillons dans le ventre... Je voudrais répondre avec autant de force que ton commentaire frappe au cœur, mais je suis nue de mots tout de suite.
(et oui, j'ai de la chance) :)

@ Mesqualine: ah ben, ah ben, je rougis... :) Ça me fait bien chaud au cœur!

@ choule[bnkr]: L'ai découvert sur flickr... La traduction en catalan était à l'origine destinée à ce qu'il sache ce que racontait le texte que devait illustrer son dessin. Il a beaucoup aimé le résultat, donc il y a des chances pour qu'on le retrouve ici un de ces jours! J'adore!!!
(merci pour le second lien)

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