10 octobre 2010

Palindrome

(en musique)


In girum imus nocte et consumimur igni


La tendresse sans conséquences...

(Petite musique de nuit)

Etendre dans tes cheveux mes doigts, te tressaillir jusqu'au flanc du plaisir

Entre les heures échardées de torpeur apercevoir ton dos



Ta nuque


Ce que témoigne ta peau

Sous l'effleurement

Ou l'illusion,

Le drap décalquant ton dessin

Dans le presque matin...

A tes pieds égrener la morale, la laisser chancelante

Prendre mes jambes à ton cou


Comme tu lies mes pensées tu me morcelles

Et tu sais le silence au fond de ses déclarations.


Crire


Etre, sentir

Gémir

Chuter à la pointe de ta langue


Dans l'obscurité tresser les corps en suspens

Pourtant

J'arrime à mes paupières tes effrois flamboyants ruisselant jusqu'à l'os

Laisse à mon chevet les brûlures de tes mains, l'écorchure de ton souffle

(Nous tournons dans la nuit

Et le feu nous consume)


Au creux du mien j'impatiente ton hérésie

Pourtant


Tu nourris encore

Ces croyances blanchies, de celles qui n'ont plus goût à rien, jetées


Dans les mailles exsangues

De tes veines éclatées

Pourtant

je prends fin à ta source, tu t'ouvres à ma racine

Tu es ce que je suis

Miroir,


Evidence


Théorème.

Et je passe au travers de la violence ordinaire

(ce désir palpitant étranglé par l'orgueil)

En t'attendant,
Sans douleur

Ni désespoir


18 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh, chère Demoiselle, c'est magnifique et me serre la gorge ... si tu savais. Et je ne peux relever tant il y a de mots qui disent et de notes qui ...

Zoë Lucider a dit…

Moizelle, tout est trop beau et me tire des larmes, la musique, le poème, la main enroulée sur la gorge, le titre, tout, tout!

Isabelle C. a dit…

ça m'étreint le souffle !
Si beau.

L............................................uC a dit…

Chaque colonne à part ou le tout ensemble....
Faut que j'appelle Rididine moi !
ça m'donne des idées...
RroohhHHH !!!
Tu sais que c'est beau comme c'est dit, écrit, dis ?
Et la zumick... Non, rien...
Je reviendrai le lire.
Le baiser tiens !
J'suis fier de t'connaître !
Na !

Anonyme a dit…

à pleurer, tellement ça étreint

mime

Appas a dit…

« Tu es ce que je suis ». C'est totalement ça.

madame de K a dit…

on dirait presque que tu t'es inspirée de la dissection que j'ai montrée la semaine dernière, certains de tes mots sont anatomiques (ou atomiques)

Anonyme a dit…

Signa te, signa ; temere me tangis et angis
Roma tibi subito motibus ibit amor

Anonyme a dit…

Quintilien pour comleter tes sources.
Le titre, l'image ... Comment faire autrement ?

J'aime beaucoup ce qui ce dégage de ce texte, c'est puissant, c'est charnel, c'est beau.

Olivier Verley a dit…

Oui... mais dire aussi que c'est un auteur et le titre de l'un de ses films.

Mademoiselle d'enfer(t) a dit…

@ Kouki: c'est pourtant d'une respiration dont il s'agit (de celles qui se font avec difficulté, mais une fois affrontées, libèrent). Merci d'avoir ressenti :)

@ Zoé Lucider: C'est important cette résonance entre tous les éléments, et qu'elle ait pris place en toi, eh bien, ça me fait plaisir! Tout comme à Kouki, merci d'avoir ressenti :)

@ Isabelle C.: t'étreindre, c'est une douceur... :) Merci

@ l u c: ensemble, seul, tout existe... Hologramme de ce qu'est la vie, n'est-ce pas?
(ah bon, on se connaît? ;P)(misou!)

@ Mime: c'est étrange, on sait qu'on touche du doigt quelque émotion, mais ça n'a aucun sens si personne ne reçoit... Merci, donc, d'avoir "reçu" :)

@ Appas: oh, je le crois, oui... (mais je ne détiens pas de vérité)(et ça j'en suis certaine ;) )

@ Madame de K: Mais oui! Tu es ma muse, maîkresse! Et encore, j'ai fait soft dans l'anatomie... ;)

@ Anonyme: مودته تدوم

@ Anonyme: Sachant ce qu'est l'image, qui est à l'image du titre...
J'aime beaucoup que tu aimes beaucoup :)

@ Olivier Verley: dîtes... :)
(vous voulez parler du film de Guy Debord? Je ne l'ai jamais vu... Dîtes (encore)

Olivier Verley a dit…

Guy Debord l'a "réinventé" en le choisissant pour titre de son film (l'un des meilleurs selon moi.

Mais voici une source (incomplète, mais qui me semble fiable):


« In girum imus nocte et consumimur igni »

Cette phrase qui peut se lire dans les deux sens est un palindrome en latin du 1er siècle (traduction : « Dans le cercle nous irons à la nuit et nous serons consumés par le feu »). Elle fait référence à des pratiques hermétiques de l’antiquité dont le sens mystérieux laisse place à l’imagination. La dialectique poétique du palindrome prend part à l’expression de l’éternel recommencement (tel le phénix qui renaît de ses cendres) et sa forme, par son mouvement rétrograde, entraîne une compression du temps sur lui même qui évoque un univers au cycle infini. En musique, le mouvement rétrograde est l'équivalent du palindrome (cf. Beethoven : la fugue du dernier mouvement de la sonate « Hammerklavier » op.106, n°29).

Cette pièce de caractère dodécaphonique utilise un matériau simple (série) exposé dans les premiers accords et par la première phrase au trombone et saxophone ténor. La forme se développe pour culminer dans un mouvement répétitif paroxystique qui trouve son aboutissement dans un dénuement brusque et quasi total dont le caractère apaisant dissimule un recommencement possible.

Ainsi la forme générale choisie n’est pas un mouvement rétrograde, qui aurait été un artifice non pertinent vue la brièveté de l’objet musical. Le texte musical se veut, à l’image de l’argument littéraire, l’expression d’un cycle court dont l’accord final n’est qu’un bref apaisement préfigurant un nouveau départ possible de la cellule / module originel.

Depluloin a dit…

Oh mamoiselle! je suis l'infidèle qui revient! (Jamais vraiment enfui mais le texte du Monsieur, très beau... suis jaloux voilà!)

Vous savez pas? Je vais revenir... le soir, j'aime bien le soir pour vous relire à cause du silence qui règne ici chez moi...

Zaile a dit…

Si la morale chancelle alors, ça me va !

Mademoiselle d'enfer(t) a dit…

@ Olivier Verley: je retourne en enfer...les cours d'analyse musicale ;)
Trêve de plaisanterie, merci de ce partage, et notamment d'avoir attiré mon attention sur Guy Debord, qu'il me faut découvrir.

@ Depluloin: Je ne vous jetterai pas la pierre (infidèle parmi les infidèles!). J'aime bien quand vous venez à n'importe quelle heure... Je vous attends.

@ Zaile: un frémissement perpétuel (ben oui, ça va forcément!)

Ambre a dit…

De seconde en seconde penser à lui, dans vos mots je nous regarde.

Féebrile a dit…

Beau!

Mademoiselle d'enfer(t) a dit…

@ Ambre: les mots résonnent, alors...

@ Féebrile: Merci!

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