(en musique)
Elle a encore déballé le lit, laissé quelques vestiges de maquillage dans un recoin de l'oreiller. Elle se tourne, sur le dos, abdique sous le repli du sommeil. Le plafond a la même fissure qu'hier.
Il y a ceux qui choisissent, ou les menteurs, qui restent mal.
Fermer les yeux quelques heures - mais pourquoi ne sont-elles pas éternelles quand elles le devraient?
Il est parti, a dit "je t'aime moins".
Engluée de rémanences, somptueuses jouissances, de rires en écharpes de ce à quoi on s'abandonne, cette mémoire indésirable qu'elle voudrait délabrée, pas si vive.
Putain de temps précipité dans le bonheur mais bien calé sur le flanc de la peine, à appuyer de ses aiguilles statiques au creux des plaies.
Putain de temps précipité dans le bonheur mais bien calé sur le flanc de la peine, à appuyer de ses aiguilles statiques au creux des plaies.
Il l'a faite rêver à l'immensité des siècles.
La fissure s'aligne, cicatrice ou mauvais plâtrier.
Il s'est glissé dans ses fentes.
Elle le garde sous sa chemise, entre les brisures, insignifiants cartilages de l'amour dépassé. Il trône là, dictature délétère dont rien ne succombe.
Putain de temps qui n'avance à rien, persiste dans l'immobilisme!
Il a enfoncé le plaisir jusqu'entre ses entrailles.Putain de temps qui n'avance à rien, persiste dans l'immobilisme!
Le robinet est mal fermé. Comme un tic-tac l'eau psalmodie.
Il a la jeunesse pour excuse, la cécité qu'elle porte en elle, et les terreurs de lassitude, de raréfaction du désir, de ne pas vivre demain que de tout vivre aujourd'hui.
Et pour quoi ce corps encombrant, à dévisager son reflet qui perd la raison, se déforme sans son regard, son regard à lui... A lui. Lui. Lui...
Et pour quoi son image flottant entre les courants des pensées et de la constance?
Il est parti, a dit "je t'aime moins".
Elle songe à la journée douloureuse, à ce putain de temps qui s'allonge à son côté, et la fissure qui sera là encore le matin suivant, comme la douleur, et l'absent. A ses pieds sur le carrelage, transis.
Elle rêve debout.
Au jour qui la verra renaître des cendres, et danser sur les meurtrissures.
Pour Anne-Laure...
Par {E}mma
19 commentaires:
Ah oui ! aime beaucoup !
"tout vivre aujourd'hui" là est l'erreur ! aimer se conjugue au futur !
et ne mens pas, chipie, il ne t'a pas dit qu'il t'aimait moins ! c'est impossible d'ailleurs : soit on aime, soit on n'aime plus, mais aimer moins non ! (tu mens ! comme on grattouille, enfant, une croûte à son genou pour se faire souffrir et se sentir exister) (chipie !)
C'est un ... voilà tout.
@ Ch. Sanchez: Ravie!
@ Madame de K: ça va pas Madame va falloir arrêter les champotes! C'est écrit en gros en dessous que ce texte est dédicacé (j'ai agrandi esseprès la police pour toi!) Ceci n'est pas autobiographique! Attention, je ne dis pas que je n'ai pas puisé dans ces sentiments et expériences qui m'ont façonnée, mais ce qu'est ma vraie vie diffère de ce que je raconte ici - à part la question du temps qui passe trop vite ou trop mal. Bref, c'est UNIVERSEL!!! (et puis je ne gratte pas mes croûtes)(et je ne mens jamais) (pas parce que je ne veux pas mais parce que je ne sais pas)
@ Frédérique M: Je ne sais pas... c'est un humain? Avec tout ce que ça comporte?
mais ma chère j'avais bien vu la dédicace ! ma réponse était une réponse fictionnelle à une conversation fictionnelle !
Tout est dans la première phrase en somme, que je relis en boucle ... pliures, fissures, odeurs de lit dévasté comme le reste.
très beau, tu m'as manqué. Et la photo, une tuerie.
on gratte toujours un peu ses croûtes et celles des autres quand on écrit, l'encre qui en coule n'en est que plus touchante...
belle égratignure du temps à partager...
Madame de K a raison, on aime plus ou plus ... C'est juste une histoire de prononciation.
Raison de plus pour chercher qq'un qui saura reboucher la fissure ( pas forcément un plâtrier)
Toc! toc! j'ai retrouvé le chemin! ... Je me demande si je ne l'ai pas perdu un peu exprès pour ne plus vivre des douleurs d'amour - de fiction. L'amour est toujours une fiction - sauf le plaisir. Et puis le piano n'arrange rien!! ... "ou mauvais plâtrier" ... oui...
(Quand Madame de K; se réveille, la terre tremble 'tain!:)
J'aime vos textes, vos photos et aussi vos chaussures....
Tu remarques aussi comme le temps est un salopard d'injuste criminel... un mec celui-là aussi certainement...
non, mais! tu sais le mot de passe que j'ai eu??? ymen!!!
C'est exactement ça. Tu sais tellement bien tout dire, la douleur, l'absence, le froid, la tristesse, les cris et les larmes. Merci Cécile, du fond du coeur, et à travers mon regard embué.
@ Madame de K: tu ferais pas partie de la bande des GM? ;)
@ Kouki: Déjà, merci pour {E}mma, qui est une géniale photographe. Et puis pour le reste, aussi.
@ Nat*Dia: Un peu charognard alors ce désir d'exhumer la crasse douleur tapie sous les cloisons bien lisses qu'on a remontées tant bien que mal...
@ Anonyme: Madame de K a toujours raison (démago, moi? ;) ), mais ça, le monde entier ne le sait pas, et tant qu'il restera ignorant de sa sagesse proverbiale, il y en aura toujours pour dire "je t'aime moins"...
Pour les fissures, je crois bien qu'il ne faille savoir se réparer seul...
@ Depluloin: Bah oui ça doit être épuisant à force toute cette liquéfaction sirupeuse de l'être. Vous avez semé des petits cailloux?
@ L'entrée des sauvages: j'aime que vous aimiez :)
@ aléna: le temps est un salaud,ah oui, c'est sûr... mais tu sais, il est composé d'heures et de minutes aussi... de sacrées collabos celles-ci...
(ymen... sans l'H... et blogspot en remet une couche)
@ Anne-Laure: Merci à toi... Je sais que tu inscriras chaque jour un peu plus la résilience en faisant du temps une douceur.
Je ne déborderai pas... (Ch'te jure...) Mais pareil pour le verbe "aimer"... A la limite de l'insulte affublé du "moins"... A la limite du manque de respect de l'autre...
Cet homme est un gougeat, point barre... Qu'il aille se faire plâtrer chez les Grecs (et je reste poli;o)
Sinon, renaître de ses cendres et garder le regard neuf sur "ce prochain Amour qui sera ma prochaine défaite" comme disait l'autre.
C'est curieux, lorsque je laisse un com. ici, j'ai toujours envie de t'embrasser... Aller, je le fais, personne ne regarde.
Tu es d'Enfer(t), tu sais.. Elle en a de la chance Anne-Laure de t'avoir pour amie.o)
@ l u c: Tu as toujours su choisir tes mots? Oui, toi, oui, certainement, tu es toi :) Moi non, j'ai parfois été pire qu'à la limite...
Cela dit j'aime quand tu t'enfades... ;)
Mais bien sûr je prends les bisous, et je t'en rends tout autant (plus un). Et si je suis d'enfer(t)comme tu dis, c'est parce que je suis entourée de personnes diablement géniales ;)
Je reviens le voir de temps en temps... Toujours la même émotion de relire tes mots, et d'entendre des pas sur la neige. Merci, avec les mains qui tremblent et les yeux qui piquent.
Je suis venue à petits pas de chez Kookie et j'avoue être éblouie de tant de profondeurs..Comme quoi la lumière jaillit même au plus profond des entrailles. Je reviendrais vous lire ce soir..
@ Anne-Laure: c'est un tiroir à souvenirs... Ce que je sais, c'est qu'un jour tu pourras le lire sans que ça te déborde, ou alors juste avec tendresse... Merci encore ma belle
@ Ella B.: je me trouve face au clavier, et j'en reste les doigts ballants... C'est que je ne m'attendais pas en ce dimanche presque matin à recevoir de tels mots... Merci (beaucoup) Ella.
Ecrivez sans déborder